
– Etes-vous sûr que… ? balbutia-t-il, hébété, devant le secrétaire lui-même étonné.

Mais une fois de plus, son nom ne fut pas appelé ! Le lendemain soir, il se mit en avant pour être sûr que le Rabbi le verrait et ne l’oublierait pas. Il se força donc à sourire et à chanter avec les autres convives. « En quoi ai-je démérité ? Ai-je peut-être commis quelque terrible faute ? Ou peut-être, le Rabbi a-t-il l’intention de m’inviter plutôt demain soir ? ». Le secrétaire avait certainement raison, d’ailleurs lui-même avait souvent répété ces mots à d’autres visiteurs… Il rejoignit donc les autres ‘Hassidim mais ne parvint pas à ressentir leur joie. – Le Rabbi sait que vous êtes là, je lui ai remis votre lettre et je l’ai vu la lire et commenter, joyeusement : cette année, nous pourrons encore aider davantage de personnes pour la fête !Ĭhimon était bouleversé. – Peut-être le Rabbi ne sait-il pas que je suis là ? se hasarda Chimon. Si votre nom ne figure pas sur la liste c’est que le Rabbi veut que vous vous joigniez aux autres ‘Hassidim ce soir ! – Le Rabbi ne commet pas d’erreurs, remarqua laconiquement le secrétaire. Quelque chose ne tournait pas rond, il devait y avoir une erreur ! Après tout, depuis quatorze ans il avait toujours figuré parmi les heureux élus ! Or une année, alors que, comme d’habitude il avait confié au secrétaire sa contribution généreuse aux œuvres charitables, Chimon eut la surprise de ne pas entendre son nom annoncé sur la liste ! Alors que les ‘Hassidim dont les noms avaient été appelés rayonnaient d’une joie profonde, lui se sentait misérable. Le second soir, un autre groupe de vingt personnes se joignait à la table du Rabbi tandis que Chimon célébrait le Séder avec les autres ‘Hassidim et leur répétait les commentaires qu’il avait entendus la veille car, non seulement Chimon était riche mais il excellait aussi dans la compréhension des profonds concepts développés par son Rabbi. Certains étaient systématiquement invités chaque année et Chimon en faisait partie, lui qui était si attaché à son Rabbi et participait généreusement à ses campagnes en faveur des pauvres. La première nuit de Pessa’h, peu après la prière de Maariv, le secrétaire lisait la liste des 20 personnes qui auraient le privilège d’être invitées à la table du Rabbi. Chaque année, il nettoyait sa maison bien en avance, distribuait des sommes considérables pour les familles nécessiteuses de sa ville, laissait ses enfants mariés s’occuper de sa famille tandis que lui-même se rendait chez son Rabbi. C’était un aubergiste qui fermait son débit de boisson pendant Pessa’h puisque ses alcools étaient ‘Hamets. Ce ‘Hassid tenait à passer la fête de Pessa’h, chaque année, chez son Rabbi.
